Nickel Boys de Colson Whitehead
Rédigé le 19 octobre 2020
Premières phrases du livre :
Même morts, les garçons étaient un problème. Le cimetière clandestin se trouvait dans la partie nord du campus de Nickel, sur un demi-hectare de mauvaises herbes entre l’ancienne grange et la déchetterie de l’école. Ce champ avait servi de pâture à l’époque où l’établissement exploitait une laiterie et en vendait la production dans la région – une des combines de l’État de Floride pour décharger les contribuables de fardeau que représente l’entretien des garçons.
Pourquoi ce livre
Si vous n’avez pas entendu parler de Colson Whitehead avec son « Underground Railroad » lors de la rentrée littéraire 2017, c’est que vous étiez sûrement sur une autre planète. Comme beaucoup, je pense, j’ai découvert l’auteur à ce moment-là. En revanche, pour je ne sais quelle raison et bien que le sujet m’attire grandement, je n’ai pas lu ce livre, même encore à ce jour, mais cela ne saurait tarder !
Par contre, j’ai décidé de ne pas passer à côté de son nouveau roman qui sort pour cette rentrée littéraire 2020 dans la très belle collection Terres d’Amérique de chez Albin Michel. Je vais donc enfin découvrir l’écriture de Colson Whitehead avec Nickel Boys.
L’histoire se passe dans les années 1960, en pleine Floride ségrégationniste. On y fait la connaissance d’Elwood Curtis, un jeune homme de couleur noir, admirateur de Martin Luther King, brillant en classe et qui se prépare à entrer à l’université. Mais il se fait accuser à tort d’un vol de voiture et est envoyé, sans plus de procès que cela, à la Nickel Academy, une maison de correction qui s’engage à faire des délinquants des « hommes honnêtes et honorables ». Sauf qu’il s’agit en réalité d’un endroit cauchemardesque, où les pensionnaires sont soumis aux pires sévices. Elwood trouve toutefois un allié précieux en la personne de Turner, avec qui il se lie d’amitié. Mais l’idéalisme de l’un et le scepticisme de l’autre auront des conséquences déchirantes.
Ce livre, de par sa construction, est d’une puissance assez forte. Il commence assez ardemment par la découverte d’un charnier en 2012 près d’une ancienne école, puis on part en 1960, où l’histoire se déroule. Et enfin, l’auteur nous propose un épilogue incroyablement fort qui tient à lui tout seul le roman.
L’auteur a un don certain pour poser ses personnages qu’il prend le temps de bien nous présenter, les gentils comme les méchants. Ce que j’ai trouvé très bon dans ce livre c’est que Colson Whitehead arrive à nous suggérer les horreurs qui se passent dans ce centre sans en faire de trop, sans tomber dans le voyeurisme malsain. Il suggère plus qu’il ne dit. Et l’on ne peut qu’avoir de l’empathie pour le jeune Elwood et l’injustice qu’il subit.
L’écriture de l’auteur est fluide, et par un jeu de passé présent du narrateur, il nous tient en haleine, fait monter la tentions petit à petit. On sent, on sait que quelque chose va arriver, mais on ne sait ni quand ni quoi !
C’est dans les dernières pages que l’on comprend la portée du récit. L’épilogue que Colson Whitehead nous offre déchire le cœur.
Il faut noter que Colson Whitehead, avec Nickel Boys, est entrée dans le cercle très fermé des auteurs à a voir reçu deux fois le prix Pulitzer. Il est à noter aussi que même si ce roman est une fiction, l’auteur s’est inspiré de fait réel.
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